SOUTENUS PAR "LE FRONT DE GAUCHE DU CHABLAIS" POUR UNE ALTERNATIVE ANTILIBÉRALE, SOLIDAIRE, ÉCOLOGIQUE DANS LA 5eme CIRCONSCRIPTION.

jeudi 27 novembre 2014


Le droit à la santé en Chablais :
Chronique d’une agonie programmée


Les Hôpitaux du Léman sont l’unique structure de soins publique sur le bassin chablaisien. Fusion de deux hôpitaux de proximité, Evian et Thonon, ils emploient plus de 1600 salarié(e)s et assument chaque année plus de 40 000 séjours.

Depuis le vote de la loi HPST**, les services de radiologie médicale sont organisés en Groupement d’Intérêt Economique, pionnier des partenariats public-privé à l’hôpital Georges Pianta.

L’objectif est depuis toujours de diminuer le coût de revient des soins en radio par la mutualisation des appareils, mais aussi des salariés. Ainsi, depuis leur installation, le scanner et l’IRM basés sur l’hôpital sont partagés entre les patients de l’hôpital et les clients des cabinets privés partenaires. Ce qui a provoqué nombre d’embouteillages aux urgences, dont l’activité ne cesse de croître, et un délai de rendez-vous ambulatoires de plus en plus long, avec une nette dégradation de l’image de l’hôpital dans la population.

Une autorisation pour positionner un second appareil de scanner a été accordée pour le Chablais en 2007 et devait être positionnée aux hôpitaux du Léman.


Depuis, les directions se sont succédées mais les injonctions de l’Agence Régionale de Santé aussi : accepter la nouvelle règle du jeu comptable, en faire toujours plus avec toujours moins de moyens, et surtout garder un budget équilibré …. Sinon pas de prêt bancaire, pas de projet, …

Les Hôpitaux du Léman se sont battus depuis plusieurs années pour obtenir les financements incontournables, a minima pour la remise aux normes de la réanimation, des urgences et bien d’autres nécessités quand on fusionne pour réduire alors que les besoins augmentent naturellement. Le projet d’établissement a envisagé plusieurs options, mais l’évidence est depuis toujours qu’il faut de nouveaux bâtiments.

Tous les projets ont été à ce jour rejetés par l’ARS qui refuse de participer financièrement. L’Hôpital s’est endetté sur ses fonds propres pour le rapatriement des unités d’Evian (construction du nouveau bâtiment), dans le cadre de la fermeture de celui-ci. Et s’est vu imposer à la clé 45 suppressions d’emplois.



La bataille du 2ème scanner était perdue d’avance, mais nous ne l’avons su qu’après. D’aucuns ont une étonnante définition du dialogue social. C’est lors du dernier Comité Technique d’Etablissement, le 7 octobre, que les représentants du personnel ont eu connaissance de la chronologie :

Juin 2014 : l’établissement présente son projet de budget avec les projets de mobilisation d’emprunts ;

Mi-juin : l’ARS rejette celui-ci et prie l’établissement de diminuer ses ambitions de dépenses (emprunts). Or dans le projet présenté figurait un emprunt concernant la construction du bâtiment pour la restructuration de la radiologie et la mise en place du nouveau scanner.

Le 2 juillet les HDL présentent un nouveau projet budgétaire diminué d’environ 2 millions d’euros.

Le 4 juillet, l’ARS informe par courrier que le scanner sera installé dans les locaux privés du Centre Médical du Chablais, et la mise à disposition du public se fera au 1er septembre.

Les cartes étaient donc déjà jouées avant les vacances d’été, malgré les propos de la direction. Se jouer ainsi de la population est intolérable, mais que dire du comportement vis-à-vis des représentants du personnel ?
Qui peut être dupe désormais des « assurances » données par Mme Wallon, directrice générale de l’ARS, qu’elle « n’a pas de leçons à recevoir en matière de service public » ? En effet, nous pouvons la croire !
Qui peut ne pas ressentir de colère quand madame repart sans s’être formellement engagée sur une aide financière ni sur son montant quant aux travaux qui seuls seront garants du maintien des Hôpitaux du Léman sur notre territoire, et donc d’un résidu de service public de santé ?


Qui peut la croire sincère quand elle paraît ignorer tout des difficultés du pôle psychiatrie, de ses besoins en bâtiments, de son financement ridicule et profondément inégalitaire en comparaison des autres structures du territoire ?

Nous le savons bien, derrière tout cela il y a une politique gouvernementale appliquée avec zèle : loi Bachelot* et T2A***, réforme territoriale, loi de financement de la Sécurité Sociale, … Cette politique nous la dénonçons depuis des années. Elle n’a pour but que de livrer notre santé, celle de nos ainés, celle de nos enfants aux marchés financiers et à la spéculation. Ce que nous savons aussi désormais, c’est que le gouvernement a mis le turbo, et qu’il souhaite que tout soit définitivement réglé en … 2017 ! Il nous reste peu de temps, deux ans avant l’échéance voulue par le capital.

C’est maintenant que nous devons construire cet « ensemble », au-delà de nos différences, de nos divergences bien mineures au regard de l’enjeu. Maintenant qu’il faut remonter les manches.   



 * EPRD : c’est le budget prévisionnel de l’hôpital, mis à jour par trimestre.
** loi HPST ou loi Bachelot : réforme de la gestion du système de santé français, votée et mise en place en 2005 ; elle prévoit un redécoupage des régions administratives en territoires de santé (5 territoires pour 8 départements en Rhône-Alpes), et la mutualisation des moyens entre public et privé pour diminuer les coûts de la santé du secteur public.
*** T2A : tarification à l’activité : chaque prise en charge en santé est découpée en soins dont chacun a une cotation qui permet sa rémunération ; le problème, c’est que la moitié des soins sont du temps qui ne peut être chiffré, il n’est donc pas rémunéré, et ouvre la porte, au nom de la rentabilité, à l’augmentation des cadences de soins côtés. Pas le temps de consoler !...

                                               

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